un internet à soi

J’aime internet. J’aime cliquer sur des liens, lire des affaires, les partager avec d’autres. Je ne referai pas aujourd’hui la grande et la petite histoire de cette bébelle-là, mais je constate, plus de vingt ans après son apparition dans ma vie quotidienne, que cliquer sur des liens, lire des affaires et les partager avec d’autres va moins de soi que jamais.

Les béhémoths des réseaux sociaux que sont facebook et twitter – non, je ne les appellerai jamais meta et x – nous ont bien eu. Ils nous ont rendu ça facile de cliquer et lire et partager, jusqu’à ce que le piège se referme, et qu’après une décennie à nous attirer dans leurs plateformes elles décident qu’elles préfèrent nous garder dedans en nous protégeant du monde extérieur

& leurs algorithmes ont donc préféré qu’on écrive directement dans celles-ci, qu’on y publie nos idées et nos images et nos vidéos, et facebook a dévalué les liens externes, puis a fini par carrément censurer les médias après avoir siphonné leurs revenus publicitaires, et twitter est devenu un nique à nazis pis kess tu veux partager avec ces gens-là anyway

& c’est comme fumer, quand on est rendu à arrêter, ça fait des années qu’on sait que ce n’est pas bon pour nous sauf qu’on a peur de la coupure, mais un moment donné on ne voit plus que l’absurdité de notre comportement et le goût dégueulasse que ça laisse dans la bouche pis on se dit que ouin, on a déjà essayé souvent d’arrêter mais on est peut-être dû, il suffit de renouer avec sa vie d’avant…

… qu’est-ce qu’on faisait avant ?

Toutes sortes d’affaires, mais je me souviens qu’en 2004, un ami avait codé un site qui devait être un « portail », dont le lointain modèle devait ressembler à rezo.net, et qui permettait de partager des liens. Pas de compte ni identification : on copie-colle un lien dans la boîte, on rafraîchit la page, ça apparaît avec les contributions des autres, pis voilà, c’est de l’internet.

Le site agrégeait aussi toutes sortes d’autres affaires hétéroclites du web, il y avait aussi la possibilité de composer des strips de style photo-romans qui s’appelaient les “tutus” (!), l’ensemble semblait conçu pour le lol, d’ailleurs le site s’appelait www.levejupe.info, ce qui est pas mal tout ce que vous avez besoin de savoir, sinon que son créateur avait lié le fil d’actualité à un compte twitter, probablement la seule archive qui en existe, et qui témoigne de son esprit hétéroclite.

Il est aussi oiseux de vouloir retrouver l’internet d’autrefois que de chercher des alternatives à facebook et twitter – parce que ce sont des anomalies, ces choses-là n’auraient probablement pas dû exister, parler à toute la planète en même temps et cumuler des milliers d’abonnés, ou alors cela valait à titre d’expérience et on a vu ce que cela a donné, ultimement ça ne profite qu’aux personnes ont quelque chose à vendre – commerçants, politiciens, narcissiques divers

cf threads, instagram, publisac

tout ça pour dire que l’internet est en flottement ces jours-ci, il éclate, probablement la meilleure affaire qui ait pu lui arriver, et dans les multiples tentatives de faire autre chose, mon ami David a créé un réseau social, rien de moins.  Enfin, pour celleux qui s’y connaissent, c’est une instance du féviders, dont fait partie mastodon, mais il y a déjà une petite communauté locale, ce qui est, finalement, bien suffisant.

Ça s’appelle quolibet, les publications sont des « poèmes », la participation est récompensée en « écussons » qui donnent des  « bonbons ».  On n’y trouve que du texte, pas d’images ni vidéos. Ça marche juste sur le web, il n’y a pas d’app.  Et non, vous n’êtes pas obligé d’y poétiser, vous pouvez bien y écrire ce que ça vous chante, quolibet va appeler ça des poèmes quand même.

Ce qu’il y a à savoir, c’est là : https://quoli.bet/apropos/quid

Pour une idée de ce qu’il s’y passe : https://quoli.bet/fil/decouverte

C’est en phase de développement. Si jamais ça vous tente de le joindre, j’ai des invitations disponibles (votre participation active vous en débloquera d’autres). Je vais avoir besoin de votre courriel, il n’y a donc qu’à m’écrire avec le bouton reply. Pis on pourra lire des affaires et cliquer sur des liens et les partager avec d’autres ensemble, comme dans le temps.